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Débuté en 2007, « Bercé par la Meuse » est un travail au long cours mené par le photographe Fabien Legay.

Prenant tour à tour la forme d’une flânerie sombre et poétique, d’un documentaire social ou d’une démarche de portraitiste, cette recherche se concentre sur un petit territoire des Ardennes ; la Vallée de la Meuse.

Nichée entre la France et la Belgique, cette zone boisée et rude abrita durant plus d’un siècle un savoir faire métallurgique de premier plan, nourri par la puissance motrice du fleuve et la force de travail des hommes.

Touché de plein fouet par les crises successives, ce modèle économique vorace en main d’œuvre locale et étrangère, entama un long déclin dès la fin des années 70, entraînant avec lui les habitants de la Vallée dans un profond désarroi.

Ces hommes et ces femmes ont assisté avec rage, résignation ou fatalisme au démantèlement progressif de leur outil de travail, à la dilution d’une tradition pourtant tenace de «lignées de métallos », laissant les plus jeunes sans réelles perspectives.

Beaucoup ont préféré tenter leur chance ailleurs. D’autres sont restés, par manque d’horizon ou bien aimantés par un attachement indéfectible à leur Vallée d’origine.

L’immigration d’après-guerre destinée à alimenter la métallurgie, la désindustrialisation massive, le désoeuvrement des jeunes habitants de cette zone en crise constituent autant de chapitres qui structurent le travail du photographe et racontent l’histoire d’une France en profonde mutation.

Texte © 2010 Fanny Mauzat


jeudi 15 novembre 2007

Entre deux terres #3



photographies © 2009 Fabien Legay

Ci-dessus : Saïd, arrivé d'Algérie en 1960, Revin avril 2007.
A gauche : Usine Electrolux, Revin avril 2007.
A droite : « Je ne parlais pas un mot de français, je me sentais un peu perdu. Dans le train, j’ai demandé à quelqu’un s’il connaissait les Ardennes. Un Algérien m’a entendu et est venu me voir. Il m’a demandé dans quelle ville j’allais et chez  qui je logerais.  Je dis le nom de mon frère et il me répond « Je le connais bien ! Ne t’inquiète pas, je vais t’accompagner jusque chez lui. ».  Le train a roulé toute la nuit.  Mon frère m’attendait à la gare de Revin mais il neconnaissait pas mon visage car il était parti pour la France quand j’étais petit.  C’est l’homme qui m’accompagnait qui me l’a présenté. »
Mébarek, arrivé d’Algérie en 1962, Mont Malgré Tout, Revin avril 2007 
Extrait du livre "Entre deux terres" 2007 Editions Passage du Nord-Est.

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