photographie © 2007 Fabien Legay
Extrait du livre "Entre deux terres" 2007 Editions Passage du Nord-Est.
Débuté en 2007, « Bercé par la Meuse » est un travail au long cours mené par le photographe Fabien Legay.
Prenant tour à tour la forme d’une flânerie sombre et poétique, d’un documentaire social ou d’une démarche de portraitiste, cette recherche se concentre sur un petit territoire des Ardennes ; la Vallée de la Meuse.
Nichée entre la France et la Belgique, cette zone boisée et rude abrita durant plus d’un siècle un savoir faire métallurgique de premier plan, nourri par la puissance motrice du fleuve et la force de travail des hommes.
Touché de plein fouet par les crises successives, ce modèle économique vorace en main d’œuvre locale et étrangère, entama un long déclin dès la fin des années 70, entraînant avec lui les habitants de la Vallée dans un profond désarroi.
Ces hommes et ces femmes ont assisté avec rage, résignation ou fatalisme au démantèlement progressif de leur outil de travail, à la dilution d’une tradition pourtant tenace de «lignées de métallos », laissant les plus jeunes sans réelles perspectives.
Beaucoup ont préféré tenter leur chance ailleurs. D’autres sont restés, par manque d’horizon ou bien aimantés par un attachement indéfectible à leur Vallée d’origine.
L’immigration d’après-guerre destinée à alimenter la métallurgie, la désindustrialisation massive, le désoeuvrement des jeunes habitants de cette zone en crise constituent autant de chapitres qui structurent le travail du photographe et racontent l’histoire d’une France en profonde mutation.
Texte © 2010 Fanny Mauzat
photographie © 2009 Fabien Legay
« Avant, cette maison était un hôtel. J’ai retrouvé un vieux registre, il n’y avait que des noms qui m’étaient familiers ; les noms de vieux immigrés que je connaissais quand j’avais douze ans. Ces travailleurs des usines et des ardoisières dormaient ici… »
Ahmed Rouane chez lui, Fumay, mars 2007
Extrait du livre "Entre deux terres" 2007 Editions Passage du Nord-Est.
Les Ardennes ont connu de longue date des flux migratoires intenses. Venus de Pologne, d’Italie, d’Algérie ou de plus loin encore, des hommes et des femmes ont emprunté le chemin de l’exil pour s’installer sur le territoire. De la rupture initiale avec la terre natale jusqu’à l’enracinement sur la terre d’accueil, il y a un cheminement complexe et sinueux qui s’étale souvent sur toute une vie.
A travers les témoignages et les portraits photographiques de personnes issues de générations et d’horizons très divers, ce livre tente de retracer un panorama des vagues migratoires qui ont nourri le département de leurs influences. Il interroge sur le déracinement, le fait d’être étranger et le processus d’appropriation d’une nouvelle existence à construire en terre d’exil.
Ce voyage au fil des vies nous dévoile une facette étonnante des Ardennes et nous éclaire sur la richesse de sa population.